La Section Administrative Urbaine (SAU) de Belcourt est celle qui est intervenue le 10 décembre 1960 lorsque le tout premier cortège s’est formé rue de Lyon (Belouizdad) à Alger.
Son chef, le capitaine Bernhardt, qui rédige ce rapport, est celui qui a dû autoriser la première manifestation. Une rumeur instrumentalisée et répandue par les ultras du F.A.F (Front de l’Algérie Française) assure que les SAU – structures d’action psychologiques inféodées au pouvoir gaulliste – auraient manipulé les manifestations musulmanes de décembre 1960 pour mieux trahir et abandonner les pieds-noirs.
Ci-dessous le rapport que ce capitaine Bernhardt rédige pour l’officier de liaison des affaires algériennes de l’Arrondissement d’Alger, le 21 Décembre 1960. Il montre surtout à quel point le mythe complotiste du F.A.F n’est appuyé sur rien de concret. Ce rapport « confidentiel » est basé sur des « renseignements » dont la valeur et le mode d’obtention doivent être sérieusement interrogés. Son contenu et sa forme sont eux-aussi fortement orientés par sa fonction de légitimation des actions opérées par la SAU et pour son destinataire, le supérieur hiérarchique de ce capitaine. Il faut lire ce document, précieux (merci à Hocine Hamoumi) comme une source très orientée mais qui vient confirmer certaines hypothèses et en infirmer d’autres. Ce rapport nous montre aussi qu’après avoir considéré ces manifestations comme spontanées, la SAU croit pouvoir déterminer qu des consignes avaient été données, « non pas du FLN mais de certains éléments que notre enquête s’efforce d’identifier. »