Pendant les manifestations populaires de décembre 1960, la police et l’armée françaises déploient des protocoles de contre-insurrection qui font plus de 260 morts et des milliers de blessé.e.s et mutilé.e.s à travers toute l’Algérie.

Cette répression militaro-policière de foules civiles et non-armées fut l’occasion d’expérimenter dans les villes algériennes, l’emploi de gaz CN et de grenades offensives sur les Algériens et les Algériennes qui marchaient contre l’extrême droite et pour l’indépendance.

Ce sont les ancêtres des grenades lacrymogènes et explosives employées au quotidien par la police dans les quartiers populaires de France et désormais par des forces militaires et policières du monde entier contre les mouvements sociaux prenant la rue .

Ces « matériels spécialisés » employés en Algérie signalent une généalogie coloniale de certaines pratiques d’intoxication et de mutilation redéployées dans l’ère sécuritaire.

Grenade CMD modèle 1959. [ Gaz CN (Chloroacétophénone) ]

Grenade lacrymogène dite « à action fugace », lancée à la main, amorcée avec un « bouchon allumeur à cuillère à détonateur modèle 1935 à retard de 2 secondes ». Le corps est en fer blanc avec une gaine en laiton pour recevoir le bouchon allumeur.

Grenade lacrymogène à 3 éléments, type « Criquet ». [ Gaz CN ].

Constituée par une boîte de carton à fond en fer-blanc et couvercle emboité de 50mm de diamètre et 135 mm de haut, cette grenade renferme trois réceptacles contenant chacun 50g de « mélange lacrymogène ».

Grenades à ampoule en verre 1er et 2e modèles type 6/44, « effet lacrymogène persistant et très virulent ».

Fusil pneumatique lance-grenades à grande distance (80 à 110m). Employé pour lancer les grenades Criquet.

Fusil Mauser adapté pour le tir de grenades Criquet.

(Source: Jean-Louis Courtois, Michel Lejeune, Les CRS en Algérie. 1952-1962: la face méconnue du maintien de l’ordre, Marines Editions, 2010.)